Obsédé par l’organique, l’artiste autrichien Friedensreich Hundertwasser jugeait les lignes droites «impies et immorales». Né Stowasser, il adopta le pseudonyme de Hundertwasser et se lança dans une quête de négation de la standardisation sous toutes ses formes. Hundertwasser était un militant écologiste opposé à l’Union Européenne, philosophe, architecte et artiste visuel. Il débuta par la peinture mais conçut aussi des bâtiments, des timbres, des vêtements, des pièces de monnaie, des drapeaux et des affiches. En toute chose, il plaidait pour l’individualisme et la protection de l’environnement.
Hundertwasser a appliqué cette philosophie non seulement à la construction des immeubles viennois pour lesquels il est célèbre, mais à tous les modes d’expression et formes artistiques qu’il a expérimentés au long de sa carrière non-conformiste. Qu’il s’agisse de peinture, de sculpture, de performance ou de plans pour un jardin d’enfants, les oeuvres d’Hundertwasser sont multicolores, organiques et traversées par le sens de la magie et du merveilleux.
Derrière ces joyeuses explosions d’or et d’argent, des principes opèrent néanmoins. L’art d’Hundertwasser a en effet toujours eu une résonance politique. L’artiste a toujours lutté contre le rationalisme ou le déterminisme, promu la conscience écologique et conservé une foi passionnée dans l’anarchie de l’imagination.
Dans cette formidable rétrospective, Pierre Restany revient sur les différentes étapes du parcours éclectique de l’artiste, de la révolte du locataire et des conférences qu’il tenait tout nu au début des années 1970, sans oublier les lotissements créés à Vienne, jusqu’à ses projets pour une société alternative.